Je manie le terme afrofuturiste avec précaution tant cette notion a été employée à tort et à travers, notamment après la sortie du film Black Panther en 2018. Je me garderai donc de professer autour de cette notion-idée formalisée en 1993 par le critique culturel Mark Dery.
Comme le précise Cathy Thiam dans un article de Jeune Afrique, dans son essai Black to the Future, Dery suggère ainsi de définir l’afrofuturisme comme « une fiction spéculative qui traite des thématiques afro-américaines […] dans le contexte de la technoculture du XXe siècle. […] Une sémantique afro-américaine qui s’empare d’une imagerie technologique et d’un futur prophétiquement augmenté ».
Il ajoute : « Les voix africaines-américaines ont d’autres histoires à raconter au sujet de la culture, des technologies et des choses à venir. S’il existe un afrofuturisme, il est à chercher dans les endroits les plus improbables, au fin fond des constellations les plus lointaines. »
L’afrofuturisme traverse l’histoire, depuis la cosmologie Dogon jusqu’à l’artiste contemporaine Jannelle Monae. Notion, idée, philosophie, étiquetage artistique, l’afrofuturisme est protéiforme, instable, quasi insaisissable, appelant, pour ne pas le réduire à une unité illusoire, à l’emploi du pluriel. Dans la seconde partie du XXeme siècle, il prend forme essentiellement dans la littérature de science fiction, à travers les œuvres d’auteur.ice.s tel.le.s que Samuel R. Delany et Octavia Butler.
En collaboration avec l’auteur multimédia Renaud Vercey, cette odyssée convie à vous envoyer joyeusement en l’air et quitter notre bas-monde trop décevant et étriqué, pour une satellisation salutaire, en musiques et en images. Résultat : 1h30 de digression cosmique aux sons du jazz libre de Sun Ra, du pure funk d’inspiration clintonienne, de l’electro-funk, du dub, de la techno….
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